Mes Beaux Sapins...
- 24 novembre 2011
La semaine dernière, les premiers camions venus de l’est déversaient sur les parkings du marché de gros de Rungis les premières montagnes de sapins horizontaux destinées à la vente.
Depuis les coulisses des fêtes de Noël, où s’entassent ces milliers d’arbres aux branches entravées qui sentent bon le sapin, je ne peux m’empêcher d’imaginer les fiers conifères adolescents en pleine montée de sève et les joyeux petits sapins qui, hier encore, croyaient que les hivers allaient se succéder pendant au moins un siècle. Tous ont connu la morsure des tronçonneuses, la terre qui se dérobe sous leur tronc, l’entassement, les trépidations du voyage et le désespoir, et attendent maintenant de pouvoir se dresser à nouveau dans une maison, un hall d’immeuble ou un rond-point, pour y briller encore de tous leurs attributs jusqu’à l’Épiphanie. Avoir connu cette gloire éphémère, peut-être même jusqu’à la St Raymond, sera la récompense des plus chanceux, alors que les invendus s’en retourneront rapidement à la sciure.
Pourtant, au-delà de cette vision un peu dépoétisée du mystère de Noël, je continue d’apprécier cette tradition du sapin décoré, ami des enfants. En attendant de pouvoir, comme par le passé, en planter un bientôt (j’ai trouvé un nouvel endroit), c’est autour de mon arbre synthétique, citadin et moins avide de compassion, que je prendrai, cette année encore, le temps de bénir tous ces arbres retaillés qui comptent au nombre des milliards d’autres ayant servi l’humanité tout au long de son histoire, et dont l’arbre de Noël reste pour moi l’un des plus beaux symboles.
Un souhait ? Que chacun de ces sapins trouve sa place dans notre belle capitale, sans que le symbolisme de masse, qui inonde le marché en cette période des fêtes, continue d’évoluer en une propagande qui n’a que faire des excès et des laissés-pour-compte.